Lors de notre dernier séjour dans le Gard, nous avons rendu visite à Hélène (93 ans), mémoire vivante de la vie cévenole.
Elle nous a raconté ses souvenirs d'enfance auprès de sa grand-mère maternelle qui élevait les vers à soie (culture appelée la sériciculture) :
Hélène :
- Ma grand-mère achetait les graines (c'est ainsi que l'on appelle les œufs de bombyx mori) contenues dans une boîte.
L'élevage commençait au Printemps avec les premières feuilles sur les mûriers (la chenille du Bombyx mori est monophage, elle se nourrit exclusivement de feuilles de mûrier, elle en consomme dès sa naissance).
Il fallait réchauffer progressivement les œufs jusqu'à 24°C.
On utilisait la chaleur humaine. Les œufs étaient mis dans des petits sachets. Certaines cévenoles les mettaient sur leurs seins ou sous leur jupe. Ma grand-mère mettait ces sachets sous l'édredon.
La durée de l'incubation était environ d'une quinzaine de jours.
L'éclosion s'étalait sur trois ou quatre jours.
Une fois éclos, ma grand-mère mettait les vers dans une boîte à sucre sur du tulle qu'elle recouvrait de jeunes pousses de mûrier fraîches finement hachées.
Une fois les pousses dévorées, elle les remplaçait.
Il y avait plusieurs mues. Au fur et à mesure que les vers grandissaient, ils se développaient et avaient besoin de plus d'espace.
Ces vers à soie étaient posés sur des étagères dans un local appelé "magnanerie".
La spectaculaire croissance du vers à soie se divise en 5 âges rythmés par 4 mues de 24 heures qui leur permet de grandir.
Les vers à soie étaient nourris quatre fois par jour à heures régulières, leur litière fréquemment changée pour éviter la propagation de microbes.
Vers le trentième jour, les vers cessent de s'alimenter pour filer leur soie.. Un profond silence s'installe contrastant avec le crissement ininterrompu, semblable au crépitement d'une pluie d'averse, de mandibules déchiquetant les feuilles.
Les cocons terminés, il est temps de procéder à la récolte qu'on appelle le décoconnage. Cette opération qui consiste à ôter les cocons de la bruyère n'admet pas de retard. Il faut impérativement étouffer les chrysalides avant qu'elles ne deviennent papillons sans abîmer le cocon.
Les cocons triés sont répartis dans différentes corbeilles d'osier et dans des grands sacs de toile afin d'être livrés au courtier ou directement au filateur.
Merci Hélène pour cet agréable moment passé en votre compagnie. Je n'ai qu'un regret, c'est d'habiter loin de vous car dans le cas contraire j'aurais plaisir à passer des heures à vous écouter, vous êtes "une mine d'or".
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