Par Jacques Salomé - psychosociologue écrivain
Maman, Papa,
je vous en supplie,
ne me laissez pas croire
que mes désirs sont tout-puissants.
Maman, Papa,
je vous en prie,
prenez le risque de me frustrer
et de me faire de la peine,
en refusant certaines de mes demandes.
Maman, Papa,
c'est important, pour moi,
que vous sachiez me dire non,
que vous ne me laissiez pas croire
que vous pouvez être tout pour moi,
que je peux être tout pour vous.
Maman, Papa,
surtout entendez mes désirs,
mais n'y répondez pas tout de suite.
En les satisfaisant trop vite…
Vous risquez de les assassiner.
Confirmez-moi que j'en ai,
qu'ils sont recevables ou irrecevables,
mais ne les prenez pas en charge à ma place.
Maman, Papa,
s'il vous plaît,
ne revenez pas trop souvent sur un refus,
ne vous déjugez pas.
Pour que je puisse ainsi découvrir mes limites
et avoir des repères clairs.
Maman, Papa,
même si je réagis, si je pleure,
si je te dis à toi, Maman, “méchante et sans
cœur…”,
reste ferme et stable.
Cela me rassure et me construit.
Si je t'accuse toi, Papa, “de ne rien comprendre”,
ne m'enferme pas dans mes réactions.
Maman, Papa,
par pitié,
même si je tente de vous séduire, résistez.
Même si je vous inquiète, ne vous soumettez pas,
Même si je vous agresse parfois, ne me rejetez
pas.
C'est comme cela que je pourrai grandir.
Maman, Papa, laissez-moi
vous dire à chaucun que
je ne suis que votre fils, ou votre fille et non pas votre maître.
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