Lors de notre dernier passage à UZES (30), ville natale de Jean, nous avons découvert, grâce à Marie-Ange L. que le château de Fouzes, route de Bagnols, était chargé d'histoire :
"En ce lieu, du 1er Octobre 1940 au 6 Novembre 1942, des mathématiciens et des officiers polonais ont déchiffré clandestinement au bénéfice des alliés, avec l'aide de résistants français et espagnols, des milliers de messages radio allemands codés avec la machine ENIGMA."
Réputée inviolable, la machine Enigma, commercialisée dans les années 1920, est employée dès 1926 par la marine allemande, puis par le reste de l’armée et les services diplomatiques, dans des versions modifiées toujours plus sophistiquées et sécurisées. L’appareil électromécanique portable, doté d’un clavier et de rotors d’encodage, sert bientôt à chiffrer et à déchiffrer pratiquement tous les messages radio allemands ainsi que les communications télégraphiques.
Le commandant Gwido Langer fait appel dès 1932 à trois jeunes mathématiciens de talent de l’Université de Pozdam:
- Henryk Zygalski,
- Jerzy Roczycki
- Marian Rejewski (27 ans)
Une statue représentant Marian Rejewski, en train de travailler à une énigme mathématique à Bydgoszcz (Bromberg), est encore régulièrement fleurie en souvenir de cet enfant du pays, héros de la Seconde Guerre mondiale.
Ce dernier se voit confier un exemplaire d’une Enigma commerciale, de nombreux textes codés allemands et des fascicules pour opérateurs transmis de France par le capitaine Gustave Bertrand, responsable de la section française de recherche de renseignements relatifs aux codes étrangers.
Jean Medrala, auteur d’un des ouvrages les mieux documentés sur les réseaux de renseignements franco-polonais pendant la guerre (1), relate que Marian Rejewski réussit :
- à établir la théorie mathématique du chiffrage de l’Enigma,
- à reconstituer les câblages internes des pièces mobiles de l’appareil
- et à élaborer les premières méthodes de décodage.
Les mathématiciens développent des méthodes de décryptage . Les Allemands modifient une nouvelle fois leurs machines en y ajoutant deux rotors d’encryptage supplémentaires, passant de trois à cinq, forçant ainsi les chercheurs polonais à mettre au point dans l’urgence une nouvelle réplique plus complexe de la machine Enigma.
En juin 1940, les cryptologues polonais et leurs collègues français du PC Bruno sont évacués vers la France libre. Une partie d’entre eux – dont les trois mathématiciens polonais – s’installent au château des Fouzes près d’Uzès dans le Gard.
L’organisation, au nom de code «Cadix », est placée sous le commandement de Gustave Bertrand. D’autres spécialistes sont envoyés à Alger où ils soutiendront le major polonais Mieczyslaw Slowikowski, alias «Rygor», dans la préparation du débarquement allié en Afrique du Nord.
Au «PC Cadix», les activités de décryptage se poursuivent. Mais dans un double jeu des plus subtils. Les Polonais n’ont pas du tout envie de collaborer avec les Services spéciaux de Vichy, auxquels ils sont pourtant subordonnés. Ils fournissent alors des informations de moindre intérêt, tandis qu’ils renseignent abondamment le Gouvernement de la Pologne libre à Londres et ses alliés britanniques de Bletchley Park.
En deux ans, selon le spécialiste Jean Medrala, l’équipe polonaise participe au décryptage de près de 13000 messages, tandis qu’elle n’en livre que la moitié aux Services spéciaux de Vichy.
Peu avant l’occupation de la zone sud, le PC-Cadix est détecté par les services allemands. L’évacuation vers Londres, via l’Espagne, se passe plutôt mal. Plusieurs officiers sont dénoncés par des passeurs et arrêtés. Les mathématiciens Rejewski et Zygalski, internés dans un camp, n’arrivent en Angleterre qu’en été 1943. Jerzy Roczycki meurt le 9 janvier 1942 lors du naufrage du bateau français La Lamoricière après un séjour en Algérie.
A Londres, les deux cryptologues sont reçus sans honneur.
Écartés du centre britannique de Bletchley Park, ils sont relégués à
des travaux plus routiniers. Leurs exploits sont restés cachés pendant la Guerre froide.
Ce n’est que tardivement que leur rôle déterminant dans la victoire des Alliés a enfin été reconnu.
(1) «Les réseaux de renseignements franco-polonais, 1940 – 1944», Jean Medrala, Editions L’Harmattan, 2005.
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A l'Ombre d'Enigma | Roman historique d'Annie Szuba - Nombre7 Editions
Découvre l'histoire passionnante et ignorée qui relie la fameuse machine à crypter, Enigma, au pays d'Uzès dans le Gard | Nombre7 Editions
http://librairie.nombre7.fr/roman-historique/232-a-l-ombre-d-enigma-9782368322093.html
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Histoire de la machine Enigma
http://www.bibmath.net/crypto/index.php?action=affiche&quoi=debvingt/enigmaguerre