Ce très beau tableau que l'on peut admirer dans la salle des illustres du Capitole à Toulouse m'a toujours fascinée.
C'est avec une grande curiosité que je me suis documentée sur la vie de la "Belle dame" qu'il représente. Pour cela, il faut remonter le temps et se retrouver au XVIème siècle.
Paule de VIGUIER née en 1518 dans une famille de notables d'origine anglo-normande ayant fait fortune grâce au commerce du pastel, plante tinctoriale utilisée pour obtenir la couleur bleue.
Le 1er août 1533, François 1er est en visite à Toulouse. Il pénètre dans la ville par la porte Arnaud-Bernard.
Pour l'honorer, les Capitouls organisent de grandes et "coûteuses" festivités.
Ils choisissent Paule (pas encore quinze ans) pour remettre les clefs de la ville au monarque.
Quand François 1er voit cette beauté s'avancer vers lui, il demande à son entourage le nom de cette gracieuse apparition. Il laisse alors échapper cette exclamation :
"Ah, la Belle Paule !".
Ce surnom court sur toutes les lèvres, les prétendants se bousculent pour demander la main de la jeune femme. Son coeur est déjà pris, elle n'éprouve de sentiments que pour son cousin, Philippe de LA ROCHE, Baron de Fontenilles, jeune et séduisant chevalier.
Malheureusement, ses parents lui imposent d'épouser Pierre de BAYNAGUET, Contrôleur et Conseiller au Parlement. Décédé prématurément en août 1582, ce dernier laisse à sa jeune veuve une fortune considérable dont l'hôtel, 7, rue Temponières.
Paule peut enfin épouser l'élu de son coeur (décédé en 1592) auquel elle restera fidèle jusqu'à la fin de sa vie.
Belle et vertueuse, Paule est aussi érudite . Elle fait de son hôtel particulier de la rue Lancefoc un centre intellectuel ouvert aux beaux esprits. Elle participa à la Renaissance Toulousaine. Elle déclame des vers, parfois même de sa composition.
Chantée par les poètes et les artistes, pourtant discrète, elle ne peut sortir sans provoquer des attroupements. Elle est dit-on contrainte de sortir la tête couverte d'un châle !
La mort de son jeune fils lui inspire un dizain déchirant, salué par les critiques.
Elle ne pense pas à publier ses écrits et se contente d'être la grande muse toulousaine de son siècle.
En 1563, Catherine de MÉDICIS se rend à Toulouse avec son fils Charles IX. Elle éprouve le désir de rencontrer "la fameuse toulousaine". Elle déclara :
"Sa beauté est bien au-dessus de sa réputation".
Dans les années 1560, le connétable de MONTMORENCY, la qualifie de "Merveilles de l'Univers".
Les Toulousains, frustrés de ne pouvoir l'apercevoir, auraient demandé aux Capitouls de lui imposer de se montrer deux fois par semaine au balcon de l' hôtel de Baynaguet, rue Temponières, au coeur du capitoulat de la Daurade, devant une foule subjuguée.
Paule de VIGUIER décède le 12 mars 1610 à Toulouse, à plus de quatre-vingt dix ans. Sa mort suscite un profond émoi.
Ses admirateurs viennent se recueillir sur son caveau familial, dans la chapelle des onze mille vierges du couvent des Augustins.
Elle fut inhumée dans le caveau de l'église des Cordeliers de Toulouse.
Trois frégates de la marine royale portèrent le nom de "La Belle Poule" (en 1765, 1802 et 1814) en référence à la Belle Paule. C'est à bord de l'une d'elle que les cendres de Napoléon 1er furent ramenées de l'Île de Sainte-Hélène en France.
-----
En 1892, Henri RACHOU, l'immortalise sur son chevalet, en représentant une de ces scènes d'extase collective bi-hebdomadaires.
Une rue de Toulouse s'appelle "La belle Paule".
Le CHU de Toulouse baptisa "l'Hôpital de la mère" du nom du grand symbole féminin de la ville de Toulouse :
"HÔPITAL PAULE DE VIGUIER".
Visite insolite : Toulouse au siècle des lumières - Epok' Tour
Idée sortie week-end à Toulouse : Redécouvrez Toulouse au siècle des Lumières lors d'une visite menée par une guide conférencière en costume d'époque